Grillons, drosophiles & acariens chez Phidippus

Les Phidippus sont des araignées solides, actives et opportunistes, mais leur faiblesse majeure réside dans la sensibilité aux parasites externes, en particulier les acariens. Ces derniers peuvent se multiplier très vite, profiter de l’humidité et du nourrissage, jusqu’à représenter un danger vital.

Or, leur principal vecteur est… la nourriture.
Grillons, drosophiles... certains sont nettement plus risqués que d’autres.

Ce guide réunit les bonnes pratiques pour nourrir sans risque, reconnaître une infestation, agir, traiter et rétablir un environnement sain pour l’araignée.

1. Pourquoi les grillons peuvent être un danger?

Les grillons sont les proies les plus fréquemment impliquées dans l’apparition d’acariens.
Ils sont souvent porteurs de :

• bactéries et champignons

• acariens actifs

• œufs invisibles à l’œil nu

• spores ou débris organiques contaminés

Lorsqu’une Phidippus capture sa proie, les acariens migrent rapidement, se regroupant dans les zones chaudes et humides du corps :

📍 autour des voies respiratoires
📍 sur l’abdomen et le céphalothorax
📍 dans les articulations
📍 sous les chélicères

Une infestation sévère peut :

❗ gêner la respiration
❗ diminuer la mobilité
❗ réduire l’appétit
❗ affaiblir l’araignée jusqu’à la mort

Les grillons sont donc à manipuler avec prudence, voire à éviter lors d’un doute sanitaire.

📌 Alternatives encore plus sûres :
mouches, blattes (red runner, Phoetalia pallida)

2. Et les drosophiles?

Les drosophiles sont nettement moins risquées que les grillons, mais pas totalement exemptes de parasites.

✔ Une infestation est plus facilement contrôlable
✔ Les mues successives aident l’araignée à s’en débarrasser naturellement
✔ Renouveler régulièrement la souche limite la prolifération
✔ Les passer dans du calcium améliore leur qualité nutritive et leur hygiène

3. Reconnaître une infestation d’acariens

Les acariens se présentent comme de minuscules points blancs, crème ou beige, visibles en amas, principalement :

🔍 autour de la bouche et des chélicères
🔍 entre les segments des pattes
🔍 sous l’abdomen
🔍 parfois même sur la proie AVANT ingestion

Signes comportementaux alarmants :

• ralentissement inhabituelle

• perte d’appétit

• respiration difficile

• toilettage incessant ou au contraire absent

• posture recroquevillée / manque de précision en chasse

Plus tôt c’est détecté, plus les chances de guérison sont élevées.

4. Protocole d’urgence en cas d’infestation

🔸 Étape 1 : Isolation immédiate

Isoler la Phidippus dans une petite boîte ou petit contenant

❌ Aucun substrat
❌ Aucune mousse / coton / sopalin
❌ Aucun décor, même désinfecté

Placez-y uniquement :

✔ une rondelle de concombre (bio de préférence)

Le concombre offre :

• hydratation

• humidité

• effet piège : les acariens migrent dessus pour boire

➡ Remplacer plusieurs fois par jour, le plus souvent possible
➡ Les concombres jetés = acariens éliminés

🔸 Étape 2 : Retrait manuel (optionnel, délicat)

Avec un coton-tige à peine humide, vous pouvez tenter d’en retirer quelques uns.
⚠  Arrêter immédiatement si l’araignée stresse.

🔸 Étape 3 : La mue, un allié naturel

Si l’araignée n’est pas adulte, la prochaine mue :

🟢 éliminera une grande partie des acariens
🟢 les laissera accrochés à l’exuvie
🟢 facilitera la décontamination totale

Après la mue, il faudra vite déplacer l'araignée afin que les acariens restés sur l'exuvie ne retournent pas sur elle.

5. Nettoyage complet du terrarium : obligatoire

Une fois l’araignée isolée, désinfecter l’habitat est indispensable.

Si le terrarium est bioactif :

➡ tout jeter. Sans exception.
Substrat, plantes, feuilles, mousse... chaque élément peut abriter œufs et acariens.

Si le décor est réutilisable (plastique, branches, artificiel) :

1. lavage eau chaude + vinaigre blanc

2. brossage minutieux (interstices !)

3. séchage 7 jours à l’air libre

4. stockage temporaire au congélateur pour tuer les résidus (minimum 72h)

5. nettoyez soigneusement les étagères et toute la zone autour de l’emplacement où se trouvait le terrarium.

Ce protocole réduit drastiquement le risque de réinfestation.

6. Reprise de l’alimentation... sans risque

Pendant la phase de soins :

❗ Aucun grillon
❗ Aucun insecte douteux
❗ Pas de substrat tant que tout n’est pas stable

Proies recommandées :

🟢 blattes (red runner, phoetalia pallida)
🟢 drosophiles (souches propres, renouvelées)
🟢 mouches, idéal pour les stades L5+

💡 Astuce élevage express :
Une simple boîte d’asticots placée au chaud → mouches en quelques jours. 

🪰 Voir l' article Comment avoir des mouches ?

7. Ventilation & hygrométrie

Les acariens aiment :

•  l’humidité stagnante
•  les coins chauds et mal ventilés
•  les surfaces organiques humides

Pour les tenir à distance :

•  terrarium bien aéré
•  éviter hle surplus d' humidité 
• limiter le substrat après traitement

8. En dernier recours : l’utilisation de Taurrus

Si toutes les solutions précédentes échouent, l’usage de Taurrus (Stratiolaelaps scimitus) peut servir de traitement final contre les acariens.

Pourquoi le Taurrus :

• Acariens prédateurs se nourrissant des acariens parasites

• Peuvent s’établir durablement et réduire l’infestation progressivement

• Outil efficace mais cher, à privilégier uniquement lorsque toutes les autres méthodes ont échoué

Méthode d’application :

• Isoler l’araignée dans une petite boîte dédiée, hors du terrarium d’origine

• Saupoudrer très légèrement le Taurrus sur la Phidippus

• Manipulation à effectuer avec prudence et parcimonie

• Surveiller le comportement et l’état de l’araignée

• Laisser agir le temps nécessaire dans ce contenant

• Une fois l’infestation sous contrôle :

  • Réduire l’humidité

  • Éviter les excès de nourriture

  • Maintenir des conditions propres et stables pour prévenir toute récidive

À retenir :

Le Taurrus reste une méthode coûteuse et potentiellement stressante pour l’araignée. Je n’ai personnellement jamais eu à en utiliser, et les informations données ici sont issues de recherches, retours d’expérience et témoignages d’éleveurs. En principe, si toutes les bonnes pratiques de nourrissage, nettoyage, isolement et gestion de l’humidité sont appliquées correctement, il ne devrait pas être nécessaire d’y recourir.